Questionnaire
Lucas Leglise
Quels sont les films qui ont marqué...
1. Votre enfance ?
— Star Wars, épisode I : La Menace fantôme de George Lucas
Ma grande soeur adorait les premiers épisodes de Star Wars et donc moi aussi. Je me rappelle bien de l’attente pour le film, de l’affiche avec l’ombre de Dark Vador. J’ai été un passionné très investi par la suite.
2. Votre adolescence
— Les yeux ne veulent pas en tout temps se fermer ou Peut-être qu’un jour Rome se permettra de choisir à son tour de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet
Au lycée je suis devenu fan de Straub et Huillet après avoir vu deux documentaires sur leur film Sicilia : Où gît votre sourire enfoui ? de Pedro Costa et Sicilia! si gira de Jean-Charles Fitoussi. J’en garde un goût pour les films avec une prosodie hypnotisante.
3. Votre vie d’adulte
— La Romancière, le Film et le Heureux Hasard de Hong Sang-soo
J’ai beaucoup aimé celui-ci, mais plus qu’un film de Hong Sang-soo en particulier, c’est la succession de ses films au fil des années qui m’accompagne.
Que regardez-vous dans les films ?
Pour être honnête, ce que je regarde le plus ce sont les critiques et les interviews. Alors j’aime souvent un film avant d’être entré dans la salle, et c’est vrai que les films qui me restent vraiment sont ceux où j’aime l’attitude de la réalisatrice ou du réalisateur.
Citez un film que vous associez…
À une musique :
— The Tree of Life de Terrence Malick, pour le morceau Má Vlast: Vltava de Bedřich Smetana
À une couleur :
— Ce Répondeur Ne Prend Pas de Messages d’Alain Cavalier, quand il repeint petit à petit les murs de son appartement en noir.
À une lumière :
Un train plongé dans le noir quelques secondes en traversant un tunnel dans :
— Poussières dans le vent d’Hou Hsiao-Hsien (la scène d’ouverture)
— Senses de Ryusuke Hamaguchi (la scène d’ouverture, identique à celle de Poussières dans le vent mais dans un téléphérique)
— Les Derniers Jours du disco de Whit Stillman (la scène de fin dans le métro, dans mon souvenir il y avait un tunnel, mais c’est un effet de montage)
À un lieu :
Au festival de Locarno j’ai vu La Sapienza d’Eugène Green et j’étais très content que le film se passe sur l’autre rive du lac Majeur, en Italie. C’est la première fois que je venais dans la région et voir le film a été une bonne façon de faire du tourisme.
Qu’est-ce qui vous émeut au cinéma ?
Peut-être les autoportraits, quand il n’y a pas le filtre de la fiction. Comme ça je pense à Irène d’Alain Cavalier, ou bien par exemple à L’Épine dans le Coeur de Michel Gondry ou encore La Romancière, le Film et le Heureux Hasard de Hong Sang-soo qui peut peut-être aussi rentrer dans cette catégorie.
Qu’est-ce qui vous impressionne au cinéma ?Même si leur contenu est l’inverse de ce qui me touche a priori, j’ai une fascination mécanique pour les moyens déployés pour le tournage des films comme la série des Mission Impossible ou le renouveau du 70mm à Hollywood dont font partie les films de Christopher Nolan ou les nouveaux Star Wars.
Qu’est-ce qui vous amuse au cinéma ?
Récemment, je dirais les films d’Antonin Peretjatko.
Dans quels films aimeriez-vous habiter ?
Ce que j’aime au cinéma c’est justement de pouvoir être seulement spectateur, de rester à distance, donc je n’aimerais pas en habiter un. Mais je veux bien un film comme tombeau, comme Manoel de Oliveira et son Visite ou Mémoires et Confessions, un film entre la vidéo d’agence immobilière et le film de fantôme.
Le cinéma laisse-t-il son empreinte sur votre travail ? De quelle façon ?
C’est difficile de faire un film et pourtant il y a toujours de nouvelles propositions très enthousiasmantes. J’ai l’impression que le cinéma est très vivant, que les gens parlent des films avec émotions. Cette vivacité-là motive à faire des choses. Par ailleurs, celles et ceux qui font les films que j’admire sont des modèles que j’essaie de suivre à ma façon ou que j’interroge en cas de doutes dans l’art comme dans la vie.
Si vous deviez adapter une de vos images en film, laquelle choisiriez-vous ?
Ce que je fais peut parfois ressembler au dossier de presse d’un film, mais sans le film. L’intérêt est sûrement que tout reste à imaginer sans quoi cela se transformerait vite en un mauvais téléfilm sur la vie de Nicéphore Niepce.
Né à Chalon-sur-Saône en 1992, Lucas Leglise y étudie la photographie à l’École Média Art de 2013 à 2017 avant de poursuivre son cursus aux Beaux-Arts de Paris, dont il sort diplômé en 2019. Il vit et travaille à Paris. Le sujet de ses photographies est la photographie elle-même, considérée selon ses aspects historiques, techniques et ontologiques. En explorant ce rapport aux images, il s’agit aussi d’évoquer les possibilités et les limites de notre rencontre avec le monde. Il a exposé en France, au Salon de Montrouge (2018), à Photo Saint-Germain (2018), lors de Plateforme#1, Écoles d’art Publiques de Bourgogne-Franche-Comté (2018) et à l'étranger, au Tsukuba Museum of Art (2017), à l'OCAT Institute, Pékin (2019) et à Spiral, Tokyo (2019). En 2019 il fait partie des lauréats de la commande photographique « Regards du Grand Paris ».
︎︎︎ lucasleglise.com
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