Edouard Decam

Quels sont les films qui ont marqué...
    1. Votre enfance ?

— The Dark Crystal de Jim Henson et Frank Oz

2. Votre adolescence

— Blue velvet de David Lynch

3. Votre vie d’adulte

— Solaris d’Andreï Tarkovski

En 1997 ou 1998 j’ai amené une amie voir Riget (L'Hôpital et ses fantômes) de Lars von Trier et Tómas Gislason. Le cinéma Jean Vigo de Bordeaux avait réuni en une seule projection de 6 heures la totalité de la série. Les effets du Dogme95, l’absurdité des scènes, l'atmosphère oppressante, la longueur du film ont eu rapidement raison de la patience et des haut-le-cœur de cette amie. J’ai finalement terminé le visionnage seul, mais imprégné à jamais de cette ambiance que seule cette série m’a jusqu'aujourd’hui transmise et que je pouvais enfin voir sur grand écran et en couleur (j’avais suivi la série en noir et blanc un an auparavant, chez mes parents, à la télévision).

Je regarde souvent et régulièrement les mêmes films ; j’aime y trouver des détails qui se seraient échappés dans les visionnages précédents.

Citez un film que vous associez… 

À une musique : 

— Donnie Darko de Richard Kelly

À une couleur :

— Riget de Lars von Trier et Tómas Gislason

À un visage : 

— Zabriskie Point de Michelangelo Antonioni

À une lumière :

— Stalker d’Andreï Tarkovski

À un lieu : 

— Twin Peaks de David Lynch

À un son : 

— Dead Slow Ahead de Mauro Herce

Au silence :

— Primer (Shane Carruth/ 2004)

Au désordre :

— L’enfer d'Henri-Georges Clouzot de Serge Bromberg et Ruxandra Medrea

Qu’est ce qui vous émeut au cinéma ?

L’incompréhensible.

Qu’est ce qui vous impressionne au cinéma ?

Les longs travellings et plans-séquences qui traversent des murs, des barrières, comme si la caméra était inarrêtable.

Qu’est ce qui vous amuse au cinéma ?

Les détails absurdes de comique de répétition.

Est-ce que vos films/photographies vous ressemblent ?

Oui.

Ce serait quoi pour vous le décor de cinéma parfait ?

La nature.

Quels sont les artistes et œuvres dont les images de paysages vous habitent ?

— Gordon Matta Clarck
— La Région centrale de Michael Snow
— City de Michael Heizer

Quels sont les paysages de cinéma que vous rêveriez d’explorer ?

Un lent voyage dans les espaces Stalker de Tarkovski.

Est-ce que faire du cinéma vous aide à mieux regarder les choses, à mieux observer ?

Cela me conduit à être en lien avec les lieux que je filme, à rentrer en contact avec la nature et le paysage.

Est-ce que regarder des films vous aide à mieux comprendre le monde ?

Plus que comprendre le monde, j’ai l’impression que plus je vois de films et plus le monde se déconstruit dans une multitude de couches et de détails qui le compose.

Qu’est ce qui est cinégénique à vos yeux ?

Les détails imperceptibles qui nous entourent. J’ai l’impression que le quotidien tend à faire disparaître ces détails et le fait de provoquer leur réapparition, les observer finalement devient cette part cinégénique.

Y-a-t il un dénominateur commun à tous vos films ? 

L’expérience de la nature.