Questionnaire
Christian Rizzo
Quels sont les films qui ont marqué...
1. Votre enfance
— Dumbo et Fantasia des studios Disney
— Les comédies musicales américaines
— Le Voyage fantastique de Richard Fleischer
2. Votre adolescence
— Mort à Venise de Luchino Visconti
— Le Septième Sceau d'Ingmar Bergman
— Les Nuits de la pleine lune d’Eric Rohmer
3. Votre vie d’adulte
— L'Année dernière à Marienbad d’Alain Resnais
— The Last of England de Derek Jarman
— Gerry de Gus Van Sant
— La forêt de Mogari de Naomi Kawase
— 71 Fragments d’une chronologie du hasard de Michael Haneke
— Sayat Nova - La couleur de la grenade de Sergei Paradjanov
Racontez-nous un souvenir de cinéma.
Alors que je tentais de faire ma première pièce, je me servais comme environnement sonore d’une copie de la bande son (faite avec un magnétophone enregistreur durant une séance de cinéma) de The Last of England de Derk Jarman. En 1988 ou 89, le cinéaste vint à Paris pour une exposition de peinture accompagnant la projection de La Tempête au cinéma. J’en profitais pour essayer de le rencontrer et lui dire que je travaillais avec cette bande-son en espérant que je pourrais continuer à m’en servir. Au beau milieu du vernissage j’arrive enfin à le croiser et lui demander son avis. Sa réponse fut : « Je travaille pour être pillé, à toi d’en faire quelque chose de beau ! ». Cette phrase est encore inscrite en moi.
Que regardez-vous dans les films ?
La lisière de l’image.
3 mots que vous associez au cinéma ?
Cadre, lumière, contemplation.
Citez un film que vous associez… :
À une musique :
— Dead Man de Jim Jarmusch
— 2001, l'Odyssée de l'espace de Stanley Kubrick
À une couleur :
— Blue de Derek Jarman
— THX 1138 de Georges Lucas
À un visage :
— Psychose d’Alfred Hitchcock
— Thérèse d’Alain Cavalier
À une lumière :
— Un Lac de Philippe Grandrieu
— Barry Lyndon de Stanley Kubrick
À un lieu :
— Tropical Malady d’Apichatpong Weerasethakul
— Le Mépris de Jean-Luc Godard
À un vêtement :
— Puce Moment de Kenneth Anger
À un objet :
— Stalker d’Andreï Tarkovski
À un mouvement :
— La Notte de Michelangelo Antonioni
— First Cow de Kelly Reichardt
Au silence :
— Théorème de Pier Paolo Pasolini
Au désordre :
— Koyaanisqatsi de Godfrey Reggio
Qu’est-ce qui vous émeut au cinéma ?
Le hors-champs , les espaces entre les corps, le silence soudain dans une séquence.
Qu’est-ce qui vous impressionne au cinéma ?
La multiplicité des champs narratifs.
Qu’est-ce qui vous amuse au cinéma ?
L’outrance et l’absurde. Les erreurs de script…
Quels sont les films qui vous habitent ?
— 2001, l'Odyssée de l'espace de Stanley Kubrick
— Sayat Nova - La couleur de la grenade de Sergei Paradjanov
Dans quels films aimeriez-vous habiter ?
— Sayat Nova - La couleur de la grenade de Sergei Paradjanov
Quel cliché vous agace terriblement au cinéma ?
Les mouvements de caméra intempestifs, la présence d’objets sursignifiants dans les décors.
Quel cliché vous plaît secrètement au cinéma ?
L’utilisation du ralenti, le flou.
Quels sont les paysages de cinéma que vous rêveriez d’explorer ?
La forêt de Mon voisin Totoro d’Hayao Miyazaki
Le cinéma laisse-t-il son empreinte sur votre travail ?
Oui sûrement. On pourrait considérer que le déploiement d’une dramaturgie sur un plateau se rapproche d’un long plan-séquence où tout se joue en direct. Pourtant, je joue beaucoup avec des ellipses temporelles dont ma compréhension vient du cinéma. Aussi, mon rapport à la musique dans mes pièces vient de comment j’ai écouté le son dans sa relation à l’image et donc au cinéma.
Avec quelles autres pratiques artistiques votre travail dialogue-t-il le plus ?
La cuisine, la littérature, la peinture.
Qu’est-ce qui est cinégénique à vos yeux ?
La peau, le vent, l’obscurité.
Si vous réalisiez un long-métrage ça ressemblerait à quoi ?
Une love story dont on ne verrait jamais les protagonistes.
Est-ce que vos créations vous ressemblent ?
Absolument, d’autant plus que je considère chaque création comme un chapitre d’un journal entamé avec la première pièce…
Si on faisait un film sur vous ce serait un film sur quoi ?
Ça pourrait être un film sur quelqu’un qui prend le temps de regarder autour de lui et dont les situations qu’il observe s’effaceraient en partie pour laisser des trouées actives...
Christian Rizzo est un chorégraphe français né à Cannes en 1965. Il fait ses débuts artistiques à
Toulouse où il monte un groupe de rock et crée une marque de vêtements,
avant de se former aux arts plastiques à la villa Arson à Nice et de
bifurquer vers la danse de façon inattendue. Dans les années 1990, il est interprète auprès de nombreux
chorégraphes contemporains, signant aussi parfois des bandes sons ou la
création des costumes.
En 1996, il fonde l’association fragile. et présente différentes
performances, objets dansants et pièces solos ou groupes en alternance
avec d’autres projets ou commandes pour l’opéra, la mode et les arts
plastiques.
Au 1er janvier 2015, Christian Rizzo prend la direction du Centre
chorégraphique national de Montpellier. En 2013 il reçoit le prix de la Chorégraphie SACD pour l’ensemble de son travail et en 2014, le Grand Prix danse du Syndicat de la critique pour d'après une histoire vraie.
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